La musique, le chant et les instruments de musique sont toujours source de débat au sein de la communauté musulmane. La communauté Sunnite par exemple renie la musique comme étant Haram tandis que d’autres pensent que la musique est autorisée.
Notons que dans le jargon de la jurisprudence islamique, la musique et le chant sont différents. D’une part, le chant est une combinaison de sons créés par le ton de la voix, créant un sentiment de joie et d’émotion propice à la débauche et à l’évasion. D’autre part, la musique, quant à elle, est le son produit par les instruments de musique.
Dans ce guide, découvrons ensemble est-ce que la musique est vraiment haram et pourquoi la musique est haram ?
Pourquoi l’Islam Sunnite considère que la musique est Haram ?
Les Sunnites ont toujours eu des problèmes avec la musique. Effectivement, la musique est considérée comme un fait religieux dans la religion musulmane, et il existe certains auteurs qui mettent un accent sur la difficulté de conceptualiser « la musique sacrée ». De plus, des contradictions ont toujours existé depuis ses origines et la vie du prophète Mahomet.
Comme certains instruments de musique sont interdits ou sujet à débat, que l’on se demande : est-ce que le piano est haram ? La guitare est-elle autorisée ? Entre autres. Des arguments se sont formés au fil du temps.
La musique islamique
Bien que la musique soit en principe interdite dans l’Islam, la société ne se soumet forcément pas à ces interdictions. Par ailleurs, on peut constater la formation de plusieurs écoles de musique. Certains membres de la communauté musulmane pensent que la musique est interdite par Allah. Ils s’appuient sur des versets du Coran et des hadiths pour confirmer leurs idées.
Cependant, le terme « musique » n’est pas inscrit dans le Coran. Les interprétations s’appuient ainsi sur des allusions.
On peut par exemple citer des versets coraniques tels que le verset 72 de la sourate Fourgane, le verset 30 de la sourate Hajj, le verset 3 de la sourate Mou’minoune et le verset 6 de la sourate Loqmâne.
- Là, l’Imam confirme que les termes « dictat », « débauche » et « futile » dans ces vers fait référence à des chants de débauche.
- Il existe également un hadith qui constitue la base de l’interdiction de chanter. Il existe également des hadiths qui défendent l’usage des instruments de musique.
- Puisque chanter signifie produire une certaine forme de son ou de mélodie avec la voix, tous les juristes précisent quel genre de musique est interdite en y ajoutant la « débauche ».
Dans le Coran, cette interdiction de la musique est issue du verset 6 de la sourate 31, où c’est écrit :
« Tel homme ignorant se procure des discours futiles (Iahw) pour égarer les autres hors du chemin de Dieu et prendre celui-ci en dérision. Voilà ceux qui subiront un châtiment ignominieux ».
D’après le compagnon Abdallah Ibn Mass’oud (qu’Allah l’agrée), Abou Sahba :
« Je jure par Allah qu’il s’agit de la musique ».
C’est ainsi que :
- Selon Abdullah Ibn Abbas, le mot lahw fait référence au « chanson »
- Selon IAbu Bakr Ibn Mujâhid, il désigne le « tambour ».
- Quant à Al-Hassan al-Basrî, il affirme que « ce verset a été révélé à propos de la musique et des flûtes ».
Mais d’autres commentateurs voient dans ce passage une critique non pas de la musique, mais des religions polythéistes. De plus, certains hadiths semblent pointer vers une interdiction, selon un hadith rapporté par l’Imam Al Bukhari, le propret Mahomet a dit :
« Il y aura des gens dans ma communauté des gens qui considéreront comme licites la soie, le vin et les instruments de musique. »
Le chiisme et la musique
Les chiites, quant à eux, encouragent la musique, mais l’interdisent dans les faits. Cette attitude contradictoire est due à l’influence des confréries soufies, qui suivent souvent des rituels associés à la musique (dhikr et samā‘).
Certains érudits musulmans estiment que seul le chant est autorisé (halal) et que l‘utilisation d’instruments de musique est interdite (haram). Il existe donc une forte tradition de chant a cappella imprégnée de mérisme.
Pourquoi certains considèrent la musique comme haram ?
Bien que certains savants mettent en garde contre certains instruments de musique seulement en Islam, d’autres pensent qu’il vaut mieux les interdire tous au sein de la communauté pour de nombreuses raisons :
- En fait, les instruments de musique et les chants ont le pouvoir de captiver les gens au point de faire oublier aux musulmans leurs obligations religieuses, comme la prière. Ibn Qudama (Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde.), auditeur des écoles hanbalites, a déclaré :
« Il existe trois catégories d’instruments de musiques : une catégorie illicite constituée d’instruments à cordes, de toutes les sortes de flûtes, de luth, d’instruments à six cordes, de piano, de rebecs et autres. Quiconque les écoute à plein temps est considéré comme un apostat ». (Référence al-Moughnî 10/173).
- La musique peut conduire les croyants à de sombres dépravations telles que la fornication et l’adultère. En fait, la musique change la personnalité, influence les émotions et crée de l’enthousiasme et de la passion.
- La musique a également des effets dévastateurs non seulement sur le cerveau, mais aussi sur d’autres pmus
- De plus, la musique et le chant font partie des distractions captivantes, au point d’en oublier l’essentiel, comme faire la prière à l’heure dite.
Un débat sur la considération de la musique
Ces questions font l’objet de débats non seulement dans le monde islamique mais aussi aujourd’hui, notamment avec la diffusion des idées fondamentalistes, mises en lumière par certains scandales. Parmi ces scandales, on peut citer la destruction de matériels par Daesh, les talibans et l’attentat de Bataclan ainsi que sa musique « fête de perversité » dans les revendications de daechienne, ou encore dans un sermon mélophobe de Rachid Abou Houdeyfa, etc.
La musique du monde sunnite est donc soumise à des interdictions musicales qui touchent à la fois la musique religieuse et profane. Ces réglementations interdisent spécifiquement la musique instrumentale qui peut être considérée comme un art antireligieux par l’Islam.
Pour cette raison, contrairement au soufisme, les instruments ne sont pas utilisés dans la musique religieuse sunnite. Cette discussion concerne toutes les musiques, dont certaines revêtent aujourd’hui des aspects de critères d’appartenance à certaines religions musulmanes européennes ou sont utilisées à des fins missionnaires.
La musique est-elle vraiment Haram ?
La musique est un art de l’islam. Elle n’est pas interdite, de plus, elle est nécessaire quand il s’agit du tajwîd. Ce dernier est la science de la récitation et de l’incantation des versets coraniques. Par ailleurs, la musique était un majeur de la civilisation islamique depuis plusieurs siècles à Damas, Bagdad, ou encore de Cordoue. Plusieurs instruments de musique ont vu le jour en ces temps.
Toutefois, une tradition rigoriste qui existe du reste dans les trois religions du Livre a considéré que la musique et la danse pouvaient éloigner de la foi. Effectivement, l’arrivée de la généralisation de la culture occidentale ainsi que son influence a causé le déclin de la culture islamique. Les pratiquants musulmans pensent que s’opposer à la musique est un moyen de s’apposer à la culture occidentale et de l’Occident.
Aujourd’hui, certains Imam pensent que la musique est impure et ainsi interdite. En tout, le Coran ne précise pas explicitement ce qui est Haram quant à la musique. Il existe certaines chansons qui affirment la foi et le combat et donc considérées comme de la musique.
Quelques exceptions sur la musique
L’histoire a prouvé qu’il existe un consensus général concernant la licéité ou l’admissibilité de la musique non religieuse. Dès le début de l’histoire islamique, les Abbassides connaissent le développement d’un grand mécénat musical. Des écrivains musulmans comme al-Ghazali et Avicenne ont également écrit des traités sur la musique.
Toutefois, les hadiths indiquent qu’il existe des exceptions à l’interdiction de la musique dans le monde musulman. Ces exceptions peuvent être liées à des jours spécifiques, des produits spécifiques. Ainsi, en se basant sur ces hadiths, tant que les mots n’ont pas de contenu religieux, même si des femmes ou des hommes les entendent, les petites filles peuvent utiliser du tambourin lors d’un mariage ou d’un des deux fêtes religieuses (Aïd al-Adha et Aïd el-Fitr).
Toutefois, les musulmans doivent accorder une attention particulière à leurs enfants afin qu’ils soient occupés à autre chose qu’écouter de la musique, car les erreurs s’enracinent dès le plus jeune âge.
Dans un hadith rapporté par Aïcha :
« Le Messager (prophète) d’Allah entra chez moi, pendant que deux filles chantaient des chansons (sur la bataille de Bu’âth, qui se déroula avant l’arrivée de l’islam). Il s’étendit sur le lit en nous tournant le dos. Sur ces entre-faits, arriva Abû Bakr qui s’écria : « Des chants diaboliques dans la demeure du Messager d’Allah . » Se tournant vers lui, le Messager d’Allah lui dit : « Laisse-les ! » Puis, pendant qu’Abû Bakr n’y prenait point garde, je fis un signe aux deux filles qui sortirent. » Et dans une autre version, le Messager d’Allah a dit : « O ! Abû Bakr, chaque peuple a ses jours de fête, or c’est notre fête aujourd’hui ».
Concernant ce hadith, le savant Ibn Hajar a dit :
« (…) Nous pouvons tirer : La légitimité de gâter les enfants durant les jours de fête et ce, par tout ce qui pourrait les rendre heureux et joyeux, car montrer sa joie (les jours de fête) est un symbole religieux. ». Ainsi, à un certain niveau comme les jours de l’Aïd, les musiques sont autorisées en islam.
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